Prendre l’avion en fauteuil roulant
Retour à la liste des nouvellesPrendre l’avion peut réveiller certaines craintes en soi, surtout quand on se déplace en fauteuil roulant ! Quels sont les services adaptés auxquels j’ai accès ? Vais-je retrouver mon aide à la mobilité en bon état ?
Pour répondre à ces questions, nous passerons à travers toutes les étapes du processus, de la réservation à l’embarquement, en passant par le passage de la sécurité. Vous pourrez aller tenter l’aventure en toute connaissance de cause !
L'article en bref
Quelques considérations
- Vol direct ou avec correspondance ?
- La politique Une personne, un tarif
- Voyager avec un chien d’assistance
Réserver un billet d’avion
Le processus à l’aéroport
- Enregistrement
- La douane et les contrôles de sécurité
- L’embarquement
- Protéger son fauteuil roulant
En vol
- L’assistance en vol
- Les toilettes
À l’arrivée
- La responsabilité du transporteur par rapport à l’aide à la mobilité
Quelques considérations
Vol direct ou avec correspondance ?
Même si un vol avec correspondance est souvent moins cher, un vol direct apporte son lot d’avantages :
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Il est plus agréable pour un animal d’assistance, surtout si l’aéroport de correspondance ne détient pas de zone de soulagement en zone internationale.
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Il limite les complications potentielles, incluant la possibilité de bris et de perte d’aide à la mobilité.
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Il nécessite moins de transferts et d’assistance de la part du personnel.
Toutefois, un vol avec correspondance peut être avantageux pour un voyageur n’étant pas en mesure d’utiliser les toilettes à bord d’un avion. Il faut alors prévoir une correspondance assez longue.
La politique Une personne, un tarif
Les transporteurs aériens canadiens ne peuvent pas exiger plus d’un tarif pour des services aériens aux personnes ayant une déficience. Si vous avez besoin d’un siège supplémentaire adjacent, que ce soit pour votre accompagnateur, votre chien d’assistance ou vous-même en cas d’embonpoint, aucuns frais supplémentaires ne vous seront chargés. Les taxes et les frais aéroportuaires applicables peuvent toutefois être chargés.
L’admissibilité à la politique « une personne, un tarif » est déterminée par les compagnies aériennes. Chaque transporteur a déterminé un processus de contrôle qui requiert généralement des documents signés par un médecin au moment de la réservation au moins 48 heures avant le départ.
La politique est seulement valide pour les vols à l’intérieur du Canada offerts par les grands transporteurs comme Air Canada et WestJet. Il est à noter qu’elle ne s’applique pas aux segments intérieurs des vols transfrontaliers et internationaux. Par exemple, elle s’appliquera sur un vol de Montréal à Vancouver si la destination finale est Vancouver, mais pas sur un vol de Montréal à Vancouver si la destination finale est San Francisco.
Ceci dit, même quand elles n’en n’ont pas l’obligation, plusieurs compagnies aériennes ont souvent des politiques de service et des politiques tarifaires visant les voyageurs handicapés. Vous pouvez donc certainement poser la question avant de réserver !
Voyager avec un chien d’assistance
Votre chien d’assistance peut certainement voyager avec vous. Assurez-vous de toujours avoir la lettre ou la carte d’attestation délivrée par l’école de formation du chien en votre possession.
Voyager avec votre animal représente certains défis. Il faudra vérifier l’emplacement des zones de soulagement. Certains aéroports ont seulement des zones extérieures, ce qui signifie que le chien ne pourra plus faire ses besoins une fois en zone internationale. Il faudra donc planifier son horaire en fonction des possibilités.
Réserver un billet d’avion
Dès la réservation, il y a plusieurs éléments à planifier lorsqu’on voyage en fauteuil roulant. Il est nécessaire de s’y prendre minimalement 48 heures à l’avance, bien que le plus tôt soit le mieux !
Avant de réserver, contactez directement le transporteur aérien. Au téléphone, vous pourrez spécifier les informations suivantes :
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Les références des vols que vous souhaitez prendre.
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Le tarif de votre siège et celui de votre accompagnateur.
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L’équipement médical et les aides à la mobilité que vous transporterez avec vous (médicaments, déambulateur, béquilles, cannes, appareil respiratoire, etc.). Les compagnies aériennes doivent transporter gratuitement votre équipement médical et un maximum de deux pièces d’équipement de mobilité.
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Les dimensions de votre fauteuil (hauteur, largeur et profondeur) et son poids.
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Le type de batterie : gel, acide ou lithium. Tous les types de batteries peuvent être transportés, mais sous certaines conditions déterminées par le transporteur.
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Vos besoins d’assistance à l’aéroport, pour l’embarquement et durant le vol. L’aéroport pourra vous fournir gratuitement une assistance pour vous orienter, transporter vos bagages et vous aider dans le processus jusqu’en zone internationale, où le transporteur prendra le relais.
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Votre préférence pour la sélection du siège. Selon vos besoins, vous pouvez préférer un certain emplacement (hublot, allée, près des toilettes, avec accoudoir amovible pour faciliter le transfert, etc.). Les transporteurs pourraient vous assigner des sièges en raison de la sécurité, mais avec un peu d’insistance, il est généralement possible d’obtenir le siège de son choix, excepté celui de l’allée de secours.
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Toute information utile liée à votre handicap et à vos besoins spécifiques : traitement médical, appareil respiratoire, diète, nécessité de voyager avec une coque ou d’être accompagné de votre chien d’assistance…
À la fin de l’appel, indiquez que vous souhaitez obtenir la confirmation de l’aide qui vous sera offerte. Les éléments clés pourront vous être envoyés par courriel.
Le processus à l’aéroport
À l’aéroport, vous aurez à vous enregistrer, passer le contrôle de sécurité et procéder à l’embarquement. Lors de cette dernière étape, vous serez séparé de votre aide à la mobilité puisqu’on ne peut pas voyager en fauteuil roulant dans un avion pour le moment.
1. Enregistrement
Présentez-vous au comptoir d’enregistrement de votre compagnie aérienne environ trois heures à l’avance. Mieux vaut patienter que stresser ! Une file prioritaire vous permettra de passer plus rapidement le processus.
Vous pourrez enregistrer vos bagages, incluant votre fauteuil roulant. Vous pouvez demander de le garder jusqu’à la porte de l’avion pour vous déplacer dans l’aéroport. Si l’agent vous dit le contraire, veuillez vous assurer que c’est pour une raison légitime.
Si vous avez fait une demande d’accompagnement, c’est généralement à partir de cet emplacement que vous serez pris en charge.
2. La douane et les contrôles de sécurité
Cette étape peut être la plus stressante du processus ! Le contrôle se passe généralement sans souci malgré les appréhensions.
En premier lieu, comme pour tout voyageur, vous devrez déposer dans un bac tous vos effets personnels pour qu’ils traversent un contrôle de sécurité séparément.
L’agent vous demandera généralement si vous pouvez marcher un peu pour passer le portique de détection de métal. Donnez-lui l’heure juste. Dans le cas où vous devez rester dans votre fauteuil, on vous fera emprunter une porte plus large sur le côté. L’agent pourra alors procéder à une fouille manuelle, à laquelle se joint souvent un détecteur portatif. Précisez si vous avez du matériel orthopédique sur vous, si vous ne pouvez pas faire certains mouvements, ou si vous avez des zones corporelles sensibles ou douloureuses. L’agent trouvera une manière de réaliser le contrôle sans vous nuire, même si ce peut être inconfortable.
3. L’embarquement
Les personnes à mobilité réduite sont les premières personnes à rentrer dans l’avion. Lorsque l’embarquement prioritaire sera annoncé à l’interphone, vous pourrez vous diriger vers la porte d’embarquement.
L’embarquement idéal est lorsque la salle d’embarquement est reliée à l’avion par ce qu’on appelle une passerelle aéroportuaire. Il s’agit d’un couloir qui mène directement de la salle d’attente dans l’aéroport à l’intérieur de l’avion. Lorsqu’il n’y a pas de passerelle aéroportuaire, les passagers sont conduits directement sur le tarmac. La plupart du temps, un monte-personne sera mis à votre disposition pour que ce soit fait mécaniquement.
Lorsque vous serez à la porte de l’avion, il vous faudra vous asseoir dans une chaise « Washington » ou « straight back » (un fauteuil étroit permettant de passer dans l’allée de l’avion) afin de vous asseoir dans le siège assigné.
Si vous ne pouvez pas vous transférer vous-même, vous serez aidé par des agents. La plupart du temps, le transfert se fait manuellement par deux employés formés. N’hésitez pas à leur indiquer si quelque chose ne va pas. De plus en plus d’aéroports possèdent un lève-personne facilitant le transfert, mais ce n’est pas encore le cas à l’Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal.
Une fois à bord, vous serez à nouveau transféré, mais cette fois-ci dans un siège régulier. Vous pouvez apporter votre coussin en gel ou tout autre matériel vous permettant d’être plus confortable.
Protéger son fauteuil roulant
Le plus grand cauchemar du voyageur en fauteuil roulant est certainement de retrouver son aide à la mobilité en miettes de l’autre côté !
Lors de l’embarquement, vous devrez de vous séparer de votre aide à la mobilité. Si vous voyagez avec un fauteuil roulant pliable, il sera probablement placé avec vous dans l’appareil et vous n’aurez pas de souci à vous faire.
Dans le cas d’un fauteuil motorisé, il sera emmené en soute et traité comme un bagage. Le personnel n’est pas toujours formé adéquatement pour manipuler cet équipement pourtant extrêmement lourd.
Quelques mesures de précautions :
Assurez-vous d’enlever toutes les pièces amovibles de votre fauteuil roulant (appuis-pied, appuis-bras, coussins, etc.) et gardez-les avec vous dans la cabine.
Prenez des photos de votre fauteuil pour avoir une preuve de son état avant embarquement.
Fournissez au besoin les instructions et les spécifications du fabricant. Vous pouvez par exemple réaliser une petite carte visuelle indiquant clairement comment le manipuler.
En vol
L’assistance en vol
Le personnel est à l’écoute, mais il n’a pas le rôle d’accompagnateur. Les transporteurs n’ont pas l’obligation – ni l’habitude – de fournir de l’assistance pour :
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se nourrir;
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l’administration de médicaments;
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utiliser le cabinet de toilette à bord.
Si vous avez besoin d’aide pour ces tâches, il vaut mieux avoir un accompagnateur.
Les toilettes
Les toilettes à bord des avions sont un vrai casse-tête. Elles sont si étroites qu’elles ne sont jamais réellement accessibles, même lorsqu’il est affiché qu’elles le sont. Elles peuvent convenir à certaines personnes, principalement celles en mesure d’effectuer un transfert de face par elles-mêmes. Si vous le souhaitez, le personnel vous amènera une chaise roulante étroite sur laquelle vous pourrez vous transférer. Une fois au cabinet, vous pourrez vous transférer à nouveau.
Si ces toilettes sont inutilisables pour vous, il existe des accessoires qui permettent de recueillir l’urine, comme les étuis péniens ou les couches. Il s’agit de solutions de dernier recours pour la plupart des voyageurs, mais ce peut tout de même éviter certaines situations gênantes.
À l’arrivée
Lorsque l’avion atterrit, vous devez attendre que tout le monde descende de l’avion, que votre fauteuil roulant soit amené à la porte et que les agents de bord obtiennent le fauteuil roulant de transfert pour vous amener à la porte. Avant de vous transférer sur votre propre fauteuil, vérifiez qu’il fonctionne parfaitement et que rien n’a été cassé pendant le vol.
La responsabilité du transporteur par rapport à l’aide à la mobilité
À partir du moment où votre aide à la mobilité est prise en charge à l’enregistrement, la compagnie aérienne en est responsable et devra vous indemniser en cas de perte ou de bris.
Si vous constatez la moindre anomalie, demandez à l’assistance de vous conduire au guichet des réclamations de la compagnie aérienne avec laquelle vous avez voyagé afin d’établir un constat. Ainsi, toute réparation à venir en lien avec les dégâts occasionnés durant le vol sera prise en charge par l’assurance de la compagnie aérienne. Vous pourrez également montrer si nécessaire les photos ou vidéos du fauteuil prises avant l’embarquement, afin d’appuyer votre déclaration.
Conclusion
Même si voyager en avion soulève son lot de craintes, le jeu en vaut certainement la chandelle ! Bien préparé, vous pourrez passer plus facilement à travers le processus pour profiter des joies du voyage.
Le secteur de l’aviation est très complexe et les politiques réalisées pour répondre aux besoins des passagers handicapés le sont tout autant. Les prochaines éditions du Baladeur couvriront d’autres sujets pertinents liés à l’aviation, notamment sa réglementation, ses défis et ses avancées technologiques.
Bon vol !